Regrets - Bones (post 6x09)
Brennan se retrouva seule, sous la pluie. Elle se demandait encore comment cela ait été possible d’obtenir cette information à travers les enregistrements de la victime. Mais elle ne voulait plus penser à ça. Elle voulait savoir comment elle était morte. La jeune femme ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Elle s’avança, son papier à la main, observant le bâtiment qui se trouvait en face d’elle. Elle aperçut une petite borne en plastique par terre et s’en approcha. Elle s’agenouilla, passa son index dessus et sut. Elle sut comment la victime était morte. Soudain, elle entendit son nom prononcé, comme lointain, et d’un coup, se sentit projetée sur le côté. Quand elle eut repris ses esprits, elle vit son partenaire à côté d’elle et s’aperçut qu’elle lui devait, une fois de plus, la vie.
- Bones, qu’est-ce que vous faîtes ici ?
- Qu’est-ce que vous, vous faîtes ici ?
- Oh, je vous ai suivie dans cette partie peu fréquentable de la ville et je viens vous sauver, le truc habituel, quoi. A vous.
- La victime est venue ici pour voir la famille d’un garçon décédé, pour libérer son cœur.
- Oh. Et alors ? Ce sont eux qui l’ont tuée ?
- Non, Booth. Quand elle était vraiment bouleversée ou obsédée par quelque chose, elle faisait quelque chose de dangereux, pour ressentir d’intenses émotions.
- Oui, comme venir ici en plein milieu de la nuit.
Elle sentait des reproches dans sa voix.
- Je… Je ne suis pas elle. Nous ne sommes pas du tout la même personne.
- Que lui est-il arrivé ?
- Elle a acheté de l’héroïne. Pour avoir l’impression de danger. Pour ressentir quelque chose. Elle l’a mis dans sa poche et a été renversée par une voiture. Comme j’ai failli l’être. L’impact expliquerait les blessures défensives : elle a mis ses mains devant elle.
- Et le chauffeur a fui.
- Je ne peux rien prouver.
- Je sais.
- Et vous me croyez quand même ?
- Oui. Bien sûr que oui ! Venez, je vous ramène chez vous.
Dans la voiture, Booth se tourna vers sa partenaire. Il la sentait vraiment bouleversée en ce moment, et pas vraiment elle-même.
- Je pense que vous avez besoin de quelques jours de repos.
- Je vais bien, maintenant, Booth. A part… Que j’ai fait une erreur.
- Oh, je vous ai fait part de mon opinion, vous aviez raison.
- Pas sur tout. Elle est morte avec des regrets.
- Oh, Bones, tout le monde a des regrets.
- Je l’ai entendue, vous savez ? Michael a dit qu’on reçoit parfois des messages de l’univers.
- Qui est ce Mike ?
- Le gardien de nuit. Mais il a de bonnes réflexions. Mais de toute façon, le problème est qu’elle ne lui a jamais donné la moindre chance.
- A Michael ?
- Non, le pilote d’hélicoptère. Il s’est offert à elle mais elle ne lui a jamais accordé sa chance. J’ai reçu le message, Booth. Je ne veux pas avoir de regrets.
Oh Dieu. Alors c’était ça qu’elle voulait lui dire. Et la voilà, qui attendait sa réponse, pleine d’espoir. Ce qu’il lui dit fut une torture pour lui, il eut l’impression de se déchirer en deux :
- Eh bien… Je suis avec quelqu’un, Bones. Et Hannah, elle n’est pas un prix de consolation. Je l’aime.
Ce fut trop pour Bones. Elle éclata en sanglots. Elle s’était promis de ne pas craquer devant lui, s’il la repoussait, mais c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait plus se contrôler. Elle avait eu un mini-espoir pendant quelques secondes. Mais non. Elle avait tout raté. Elle avait raté la chance de sa vie. Elle avait raté l’homme de sa vie.
Booth ne se sentait pas beaucoup mieux. Il essayait de rester concentré sur sa route, mais tout ce qu’il voyait, c’était le visage de sa partenaire, rongé par le chagrin, laissant enfin éclater ses émotions. Il la revoyait encre la repousser, près des marches, ce soir-là…
- Vous savez, la dernière chose que je veux, c’est de vous faire du mal, mais ce sont les faits.
- Oui. Je comprends.
Booth prit une profonde inspiration en fermant les yeux, cherchant à ralentir son cœur qui battait la chamade depuis qu’elle avait prononcé le mot « regrets ». Bon sang, pourquoi ne s’en était-elle pas aperçue plus tôt ?
- J’ai manqué ma chance. Mon monde entier ne va pas s’écrouler. Je peux faire avec.
- Je l’ai fait.
- Oui, vous l’avez fait.
Il lui jeta un dernier regard et la voir les joues baignées par des larmes telles qu’il n’en avait jamais vues lui brisa le cœur.
- Voulez-vous que j’appelle quelqu’un pour rester avec vous ?
- Non, ça va aller. Seule. Merci.
Brennan s’appuya sur le repose-tête, essayant de se calmer, de compartimenter. Seulement, ça ne lui paraissait pas aussi facile que d’habitude. Elle se sentait incapable de renflouer ses émotions, ce soir. Quand ils arrivèrent devant son immeuble, elle jeta un regard gêné à Booth puis sortit de la voiture. Elle ouvrit la porte et monta les marches mécaniquement. Une fois qu’elle eut franchit le seuil de son appartement, ses genoux se dérobèrent sous elle et elle s’écroula sur le sol, adossée contre le mur. Et là, elle sanglota. Elle pleura. Pleura cet homme exceptionnel, cet amour perdu. Savoir qu’il n’y avait plus aucune chance avec lui l’achevait. Elle lui disait qu’elle pourrait s’adapter, mais elle n’y croyait pas elle-même. Après plusieurs heures assise là, à pleurer, la jeune femme essaya de se prendre en main et de se prendre une douche, se faire à manger. Mais le cœur n’y était pas. La seule chose qu’il lui restait au placard, c’était des macaronis, et dans le frigo, il ne restait que les restes de leur repas avec Hodgins, Angela et Hannah. Cette nourriture lui faisait tellement penser à Booth qu’elle n’avait même pas faim. De toute façon, elle avait l’estomac noué depuis qu’elle était montée dans sa voiture. Elle voyait tous ces moments qu’ils avaient passés ensemble, repensait à tous leurs instants complices… Comme elle aurait aimé les revivre ! Malheureusement, elle se doutait que ce ne serait sûrement plus le cas, désormais. C’était donc ça l’amour… Souffrir. Prendre le risque de souffrir en voyant tous les jours l’être aimé et ne pas pouvoir s’en approcher plus qu’on le voudrait… Elle décida d’aller se coucher, même si elle savait qu’elle ne dormirait pas de la nuit. Maintenant qu’elle savait ce que c’était de ressentir de l’amour, elle ne le regrettait pas non. Elle voyait à quel point c’était merveilleux, de sentir cette chaleur, à chaque fois qu’Il rentrait dans la pièce, où à chaque fois qu’Il lançait un regard vers elle. Non, ce qu’elle regrettait, c’est de ne pas avoir été assez courageuse pour tenter le coup, avant de le perdre. Ne pas avoir accepté avant sa proposition, voilà où étaient ses regrets.